• A. LISMONDE / R. SIRUGUE


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  • Mardi 29 mars 2016 de 15h à 17h

    Regards croisés sur la bataille de Verdun

    2 classes de Troisième et des élèves de l'Atelier-Mémoire,
    encadrés par 5 enseignants,
    se sont retrouvés au 3C afin d'analyser des journaux français et allemands
    du 29 mars 1916

    Semaine de la Presse 2016 Semaine de la Presse 2016

     


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  • Interview d'Abdoulaye Niang

    Marion, Khadiya et Merieme ont rencontré  Abdoulaye Niang
    au moment de son embarquement sur le port de Dakar.


    "- Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

    Je m’appelle Abdoulaye Niang, matricule 126 du 234° Régiment d’Infanterie. Je suis né en 1878 à Dakar. Mon père s’appelait Jean et ma mère Sébi . Ils sont morts tous les deux. Mon épouse s’appelle Namua.

    - Pouvez vous nous décrire les raisons de votre engagement ?

    Je me rappelle, c’était le 18 février, le jour de l'arrivée de Blaise Diagne, à Dakar.
    Je me baladais sur le port quand j'aperçus un attroupement au loin. Je me suis rapproché et j’ai vu des gens descendre d’un bateau. Des blancs, certains à cheval, entouraient un Africain.
    C’était Blaise Diagne : c’était un homme noir mais on avait le sentiment qu’il était supérieur aux Blancs. Il était au centre de l’attention, tout le monde ne regardait que lui. Il était habillé comme les Blancs, très sophistiqué avec des vêtements européens.

    Quand Blaise Diagne est parti toute la foule l’a suivi jusqu’au palais du gouverneur.Il commença par faire un discours, je l’écoutais avec attention. Il parlait un français parfait. Il expliquait qu’il y avait la guerre en France et que les Français avaient besoin d’aide. Il nous dit, à nous les Africains, que nous devons aller les aider en nous engageant dans l’armée française. Comme ça, les Français seront reconnaissants.

    - C’est donc cela qui vous a convaincu ?

    Oui, car Blaise Diagne a même prononcé cette phrase qui m’a marqué : “En versant le même sang vous obtiendrez les même droits”. J’eus aussitôt des frissons, car cette phrase me donnait l'espoir d’être enfin considéré comme un vrai homme par les Blancs et non plus comme un animal.
    Je voulais devenir comme Blaise Diagne, cet homme plein de dignité.

    - C’est donc à ce moment là que vous vous êtes engagé ?

    Oui, je n’ai pas attendu plus longtemps. Dès la fin de ce discours, je me suis rendu immédiatement au bureau de recrutement.
    Je voulais m’engager pour être comme lui, je voulais combattre pour obtenir mes droits, combattre pour mieux vivre. Blaise Diagne avait dit dans son discours que quiconque se battrait pour la France, obtiendrait des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française après la guerre, c’était une promesse. Blaise Diagne m’avait l’air sincère….
    J’ai donc signé mon dossier de recrutement et j’ai été affecté au 234ème Régiment d’Infanterie.”

    Abdoulaye Niang est "Mort pour la France" le 17 juillet 1917 à 5h du matin
    à l'Hôpital de l'Hôtel-Dieu de Lyon d'une tuberculose pulmonaire.
    Il est enterré à la Nécropole nationale de La Doua

    Khadiya, Marion et Meriem

    Interview librement inspirée de ces deux documents

    Arrivée de Blaise Diagne à DakarBlaise Diagne

     

     


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  • Interview de Siriki Ouattara

    Marion et Ambre ont "rencontré" le Tirailleur Siriki Ouattara (71° BTS, 4° Cie, matricule 17550)
    à Dakar lors de son embarquement pour l'Europe.

     

    Siriki s'est présenté comme un agriculteur né à Bananso près de Sikasso au Soudan français. Il a parlé avec fierté de ses productions : haricots, patates, bananes, mil, citrons, tomates, kolas... avant d'expliquer comment il s'est retrouvé dans l'armée française.

     

    " - Pour quelles raisons vous êtes-vous engagé ?

    Moi, je ne me suis jamais engagé. Ils m'ont forcé à devenir soldat.

     

    - Pouvez-vous nous expliquer comment ils vous ont forcé ?

     En 1912, les français cherchaient des tirailleurs partout pour partir au Maroc. Dans les forêts autour de mon village, ils ne trouvaient aucun garçons car ils étaient tous cachés. Alors le Commandant du Cercle a organisé une grande chasse aux bœufs sauvages. Tous les garçons étaient contents et sont sortis de leur cachette. Tous les garçons ont ensuite été regroupés devant les bœufs morts. A ce moment là, un officier a noté le nom de tous les garçons, celui de leurs parents et leur adresse pour que plus personne ne puisse se sauver. C'est comme cela qu'ils m'ont pris comme soldat.

     

     - Est-ce qu'ils vous ont emmené comme un prisonnier ?

    Non, le premier jour, ils m'ont demandé si je voulais devenir soldat. J'ai répondu que je ne voulais pas, que j'étais content d'être cultivateur et que je voulais le rester.
    Le deuxième jour, ils m'ont redemandé et j'ai répété que je ne voulais pas.
    Le troisième jour, ils m'ont dit que si je n'accepte pas, c'était ma mère qui va y aller à ma place. J'ai beaucoup rigolé car les femmes ne peuvent pas être soldats ! Mais alors, ils prendront ma mère pour l’emmener à la prison de la ville. Alors j'ai pensé au fond de mon cœur que je devais m'engager car je suis un garçon. On ne peut pas laisser ce malheur aux femmes.
    Le Chef du village est allé voir ma mère : « Le Major va prendre ton garçon, ton Siriki mais il est trop petit ! » Mais le Major a dit tout le contraire : « Ce garçon là n'est pas bien grand, mais il est le meilleur pour le service. »
    Ma Maman a quand même fait à mangé ce jour là et puis le lendemain. Nous n'avions pas faim et n'arrêtions pas de pleurer.

     

    - Vous pleuriez avec votre mère ?

    Je pleurais même plus que ma mère (dit Siriki en riant) car je pensais toujours dans ma tête que j'étais foutu... "

     

    Siriki Ouattara est "Mort pour la France" le 19 mars 1919 à l'hôpital n°64 de Lyon des suites de maladies (pieds gelés et albuminurie).
    Il est enterré à la Nécropole nationale de La Doua.

     

    Marion et Ambre

    Interview inspirée du témoignage d'un tirailleur
    cité dans le livre de Lucie Cousturier "Des inconnus chez moi"

     


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